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Le Monde
L'Époque, lundi 7 juin 2021 2126 mots, p. EPH2

Le Monde l'époque

enquête

...Un pied à la campagne

Certains rêvaient d'installer la ville à la campagne. Eux se partagent entre l'une et l'autre dans leurs deux habitations. Une birésidentialité inspirante, qui nécessite une organisation domestique bien rodée

Par Isabelle Rey-Lefebvre

Dans LesNuits de la pleine lune (1984), la jeune Louise, qui veut garder à la fois son amoureux à Marne-la-Vallée et sa vie nocturne à Paris, décide d'habiter un peu d'un côté et un peu de l'autre, et finit par tout perdre. Le film d'Eric Rohmer se voulait une illustration d'un adage inventé par le réalisateur : « Qui a deux maisons perd sa raison. »

Il semble que le vent a tourné. C'est justement pour garder la raison que certains décident aujourd'hui de vivre dans deux maisons. Accablés par un an de pandémie mondiale, beaucoup d'urbains ont rêvé de s'échapper. Certains, parmi les plus chanceux, ont réussi à le faire. Dès l'annonce, le 16 mars 2020, du premier confinement, un million de Franciliens ont quitté la région capitale pour s'établir en campagne. Mais beaucoup de ces candidats au départ, qui ont pris goût à l'ubiquité, ne peuvent ou ne veulent plus couper les ponts avec la vie citadine, et s'installent dans une routine, un pied en ville et un pied au vert, dans une résidence de moins en moins secondaire. On les appelle les « bi-résidentiels .

« Beaucoup d'anciens collègues de mon mari ont, une fois retraités, vendu leur logement parisien pour aller vivre dans le Sud où ils s'ennuient. Pas nous ! », revendique Sabine (prénom d'emprunt), 68 ans, avocate aujourd'hui à la retraite, qui, avec son mari, 73 ans, ancien expert-comptable, possède, depuis une trentaine d'années, une maison de vacances près de Quimper, au bord de la mer. « C'est à l'occasion du deuxième confinement d'octobre 2020 que nous avons fait l'inversion entre principal et secondaire, vingt jours par mois en Bretagne, dix jours à Paris dans notre appartement... du quartier Montparnasse, comme de bons Bretons.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Entrepreneurs, lundi 7 juin 2021 822 mots, p. 44

Dossier

En Occitanie, les épargnants sont invités à investir dans les PME

Mollaret, Guillaume

Implanté à Cahors (Lot), l'équipementier aéronautique et automobile Soben prépare une augmentation de capital de 2 millions d'euros. Cette somme, Benjamin Talon, président de cette entreprise de 20 salariés et 2 millions d'euros de chiffres d'affaires, compte la réaliser par le biais de la plateforme internet de financement participatif Épargne Occitanie. Celle-ci a été créée ce printemps par la région Occitanie, la CCI régionale, et Wiseed, prestataire de services d'investissement (PSI) agréé par l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

Avec Épargne Occitanie, les particuliers peuvent investir dans des sociétés de la région. C'est en quelque sorte le principe du circuit court appliqué à la finance. « Ces 2 millions d'euros ne représentent qu'une part de nos besoins, poursuit Benjamin Talon. Nous allons, par ailleurs, chercher des investisseurs internationaux. Cependant, avec une part significative d'investisseurs régionaux à nos côtés, nous sommes certains d'avoir un poids fort pour conserver la promotion et l'industrialisation de nos robots dans la région. »

L'an dernier, pendant la pandémie, les Français ont accumulé un surplus d'épargne de plus de 100 milliards d'euros. La plateforme Épargne Occitanie, qui est logée dans une société de projet à capitaux publics et privés, est un outil pour mobiliser l'argent dormant sur les comptes des habitants de la région. Dès 100 euros minimum, et sans plafond, les investisseurs individuels de la région peuvent investir dans des sociétés locales présélectionnées par un comité d'investissement.

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Le Figaro, no. 23886
Le Figaro Économie, mardi 8 juin 2021 590 mots, p. 29

Médias

Google lourdement sanctionné en France

L'Autorité de la concurrence lui inflige une amende de 220 millions d'euros pour ses pratiques dans la publicité.

Woitier, Chloé

PUBLICITÉ L'Autorité française de la concurrence signe une décision doublement historique contre Google. Pour la première fois, le géant américain est sanctionné pour abus de position dominante dans le secteur de l'affichage des publicités sur les sites internet. Autre fait inédit : « Pour la première fois, Google entre en transaction avec une autorité de la concurrence » , indique Isabelle de Silva, présidente de l'instance française.

Concrètement, le groupe californien n'a pas contesté les faits reprochés et s'est engagé à résoudre rapidement les problèmes mis en évidence par l'enquête française. « Ce sont les dossiers les plus solides et les plus accablants qui mènent à la transaction » , souligne la présidente. Google écope d'une amende de 220 millions d'euros, une sanction financière qui aurait pu être plus élevée si l'entreprise n'avait pas coopéré.

L'Autorité avait été saisie en 2019 par le groupe média anglo-saxon Newscorp ( Wall Street Journal, The Sun ), le belge Rossel La Voix ( La Voix du Nord, L'Union ), et le groupe Figaro - qui a retiré sa plainte en novembre 2020. Ces saisines internationales sont le reflet de l'expertise de l'Autorité française, qui avait publié en 2018 un rapport remarqué sur la publicité en ligne. « Il faut être proactifs face à ces écosystèmes nouveaux et ne pas attendre passivement les saisines » , souligne la présidente, qui rappelle que l'autorité a investi dans ces analyses et recruté des ingénieurs « pour discuter d'égal à égal » avec les acteurs « de ces dossiers très complexes » .

Un jeu faussé

La décision de l'Autorité se penche sur la commercialisation des espaces publicitaires sur les sites et applications internet, où Google règne en maître sur tous les maillons de la chaîne. D'un côté, les éditeurs de site utilisent des « serveurs publicitaires » pour mettre en vente de façon automatisée leurs espaces. Google édite un des principaux serveurs du marché, nommé DFP (DoubleClick for Publishers). De l'autre, des plateformes programmatiques (SSP) organisent des enchères chez les annonceurs. Le serveur publicitaire va entrer en contact avec plusieurs SSP, qui vont chacune mettre en avant le gagnant de leurs propres enchères. Le plus offrant remporte la mise, et sa publicité est affichée. Google édite une de ces SSP, nommée AdX (Ad Exchange).

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Libération
lundi 7 juin 2021 1843 mots, p. 24,25

CULTURE/

HITO STEYERL «Je cherche à sortir de l'invisibilité les traces des conflits»

Recueilli par CLÉMENTINE MERCIER

A la croisée des différentes cultures de l'image, l'artiste investit ces jours-ci Beaubourg avec des films et des installations en lutte contre la violence d'un monde toujours plus numérique et sécuritaire. A cette occasion, l'Allemande revient pour «Libération» sur une carrière protéiforme.

Il n'y a pas que la sociologie qui soit un sport de combat. L'art en est un aussi. Surtout pour Hito Steyerl, qui offre à Beaubourg un miroir critique à notre époque. Dans un parcours dense et convulsif, l'artiste allemande, née en 1966, livre une réflexion pugnace sur la violence du monde et la mutation des écrans en outils de surveillance et de manipulation. Environ huit heures de films, montrés dans des installations qui se lovent dans les anciens murs de l'exposition de Christo et Jeanne-Claude -vive les cimaises recyclables ! -, déploient toute la furie contemporaine : violences policières, robots humanoïdes, algorithmes de prédiction, crise économique, crashs d'avions, conflits armés, crimes xénophobes, montée sécuritaire, opacité du marché de l'art, réduction du bien public s'entrechoquent pour former un magma glitch et cacophonique qui sonne comme une sirène stridente. A travers des enquêtes très personnelles, et une esthétique post-Internet, l'artiste oppose une résistance visuelle au présent dystopique telle une combattante à mains nues. Réceptacle du pouvoir toujours plus grand des médias numériques, l'oeuvre d'Hito Steyerl n'est pas qu'alarmiste et pertinente, elle sait aussi être drôle. Dans «I Will Survive» -titre disco emprunté à Gloria Gaynor-, exposition curatée par Marcella Lista et Florian Ebner, on peut d'ailleurs prendre place sur des ballons de pilates et des bouées gonflables pour regarder les vidéos. Pandémie oblige, Hito Steyerl a accepté de nous parler de son oeuvre sous haute tension depuis Berlin, où elle habite. Par écrans interposés, cela va de soi.

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Le Monde
International, lundi 7 juin 2021 5055 mots, p. 24

International Géopolitique

Palestine Une vague de colère « du fleuve à la mer »

En mai, la résistance des habitants de Cheikh Jarrah et l'intervention de la police sur l'esplanade des Mosquées ont déclenché une guerre du Hamas contre Israël. Ces événements se sont aussi mués en cause commune, mobilisant une nouvelle génération de Palestiniens à Jérusalem, en Cisjordanie, à Gaza et dans les villes arabes israéliennes

Louis Imbert

Jérusalem, Haïfa, Umm Al-Fahm,Al-Amari, Gaza envoyé spécial - Une victoire du pauvre, un rappel à l'histoire, ou une tempête parfaite. Chacun peut nommer comme il l'entend les événements de mai, mais quelque chose de nouveau a bel et bien secoué la Palestine. Dès les premiers jours du mois, des émeutes à Jérusalem ont ouvert la voie à une guerre, lancée le 10 mai par le Hamas à Gaza, qui a tué 254 Palestiniens et 12 Israéliens. Ce conflit a attisé des violences d'une ampleur inédite entre Juifs et Arabes, dans les villes mixtes d'Israël. A leur tour, elles ont suscité une grève générale des Palestiniens, le 18 mai, de part et d'autre de la « ligne verte » qui avait signé, en 1949, le morcellement géographique de leur territoire.

Il n'y a pas de « normalité » en Terre sainte. Nul ciel serein, que le hasard aurait soudain déchiré.Mais, dans un quotidien déjà assombri de vexations perpétuelles, la multiplication des brimades infligées par la police aux Palestiniens de Jérusalem silence imposé à un imam pour que s'exprime le président israélien Reuven Rivlin; interdiction d'accéder aux lieux saints; entraves à la circulation à la porte de Damas; expulsion annoncée de familles dans le quartier de Cheikh Jarrah au profit des colons ont été perçues comme des insultes à la dignité. Des humiliations rendues plus insupportables encore en ce mois de ramadan, période de ferveur religieuse, mais aussi de retrouvailles familiales indispensables et de solidarité.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Économie, lundi 7 juin 2021 598 mots, p. 25

Entreprises

Les enseignes transforment leurs magasins en mini-entrepôts

La percée de l'e-commerce pousse les distributeurs à livrer leurs clients depuis leurs points de vente.

Bartnik, Marie

DISTRIBUTION Depuis quelques mois, les vendeurs de Ba&sh pratiquent un autre métier. Une fois par jour, ils se muent en employés de la logistique, chargés de préparer les colis des commandes passées surIinternet. La marque de prêt-à-porter est l'une des nombreuses enseignes à avoir adopté ces derniers mois une organisation qui lui permet de livrer ses clients à domicile à la fois depuis ses entrepôts et depuis ses magasins.

Une telle organisation ne va pas de soi. Avant la crise sanitaire, la plupart des distributeurs scindaient complètement leur activité : les magasins d'un côté, dédiés au conseil des clients et à la vente, les entrepôts de l'autre, chargés d'approvisionner les magasins et de préparer les commandes passées sur internet.

Une organisation intenable avec l'explosion des ventes en ligne qui s'est produite en 2020. 14 % des produits sont aujourd'hui commandés sur internet, et 20 % dans la mode. « Lorsque les stocks des magasins ne peuvent pas être achetés sur le web, 20 % à 25 % des produits sont indisponibles aux acheteurs en ligne , explique Romulus Grigoras, le patron de OneStock, une société qui accompagne les distributeurs dans cette transition. Cela génère de la frustration chez les clients, et une perte de recette pour les enseignes. »

Avant la pandémie, à peine 25 % des distributeurs proposaient à la vente en ligne les produits stockés en magasin. Ils sont maintenant près de la moitié. La crise a rendu cette mue évidente. Quand les magasins ferment alors qu'ils regorgent de produits, comme c'était le cas à chaque confinement, il devient vital de pouvoir proposer en ligne le stock des magasins. Le spécialiste du jouet PicWicToys s'est félicité d'avoir unifié ses stocks entre les deux confinements de 2020. « Dès le début du deuxième, nos 63 magasins se sont transformés en entrepôts. Il faut les imaginer sans clients, avec des colis partout ! » , se souvient Romain Mulliez, le PDG de PicWicToys. L'entreprise a gagné des parts de marché grâce aux performances de ses ventes en ligne.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Économie, lundi 7 juin 2021 439 mots, p. 25

Entreprises

La maison mère de Leroy Merlin se sépare de Tikamoon

Le spécialiste du meuble sur internet est repris par ses dirigeants et un fonds d'Edmond de Rothschild.

Bartnik, Marie

DISTRIBUTION Tikamoon vole de ses propres ailes. Le spécialiste des meubles en bois vendus sur internet est repris par ses dirigeants, après cinq ans passés dans le giron d'Adeo, la maison mère de Leroy Merlin. « Adeo a accompagné notre start-up sans s'immiscer , raconte Arnaud Vanpoperinghe, un des deux dirigeants de Tikamoon. Mais ils ont décidé un recentrage stratégique de leurs investissements qui impliquait un désengagement de Tikamoon. »

Les dirigeants de la start-up ont dû partir en quête d'un nouvel actionnaire pour prendre le relais d'Adeo, majoritaire. Ils ne voulaient « ni d'un industriel qui les aurait contraints à des synergies, ni d'un fonds d'investissement qui les aurait forcés à atteindre une rentabilité très forte au détriment de leur projet d'entreprise » , poursuit le dirigeant. Ils ont donc formé un projet de reprise de l'entreprise qu'ils pilotent depuis ses débuts, quand elle n'était qu'une boutique sur eBay. Arnaud Vanpoperinghe et Thibault Deslorieux ont finalement racheté 100 % du capital de Tikamoon avec Eres, un fonds d'Edmond de Rothschild qui investit dans des PME du secteur de l'e-commerce et des nouveaux modes de consommation. Les deux dirigeants détiennent « une part très majoritaire » . Eres a de son côté déboursé une vingtaine de millions d'euros.

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Libération
lundi 7 juin 2021 797 mots, p. 23

Autre

YouTube, vrai gendarme de la télé?

Par Daniel Schneidermann

Médiatiques On a longtemps reproché à YouTube d'être un Far West où tout circulait, de la fabrication des bombes aux discours complotistes. Aujourd'hui, la plateforme parvient à limiter la circulation de vidéos d'extrême droite qu'un média comme Sud Radio propage allègrement.

Fut un temps où Internet faisait trembler le monde pré-Internet. Ce sera la jungle. Le Far West. L'enfer du complotisme. Les recettes de fabrication des bombes en libre accès. Fut un temps où le CSA, qui préserve de ces horreurs l'audiovisuel français, revendiquait le droit d'y jouer aussi son rôle de gendarme. De fait, les réseaux sociaux ont bouleversé de fond en comble la circulation de l'information. Dernier exemple en date, l'agression raciste de Cergy (Val-d'Oise) où ils ont transformé en fait du jour une agression raciste, hélas banale. Un livreur noir de Uber Eats est sauvagement agressé par un jeune homme se disant algérien. Une riveraine filme, et poste la vidéo. Immédiatement mobilisée sur les réseaux sociaux, la communauté noire obtient de la préfecture la fermeture administrative du restaurant pour une semaine. Une chasse à l'homme virtuelle s'organise contre l'agresseur, arrêté le lendemain. Les médias Bolloré s'enflamment sur le thème des affrontements interethniques. Sur le plateau de Pascal Praud, une chroniqueuse se lamente sur «la fin du pays». Mais il existe des exemples en sens inverse. Prenons Sud Radio. Comme son nom ne l'indique pas, c'est une radio dont les locaux se trouvent à Paris, et dont les programmes consistent essentiellement dans des talk-shows, qui tentent de transplanter en radio le buzz des réseaux sociaux. Ces émissions sont ensuite mises en ligne, à la fois sur le site de la radio et sur YouTube. Sud Radio appartient au groupe Fiducial, groupe d'expertise comptable dont l'actionnaire, Christian Latouche, classé 56e fortune française avec un patrimoine de 1,7 milliard d'euros, manifeste de discrètes préférences pour l'extrême droite. Depuis le rachat de Sud Radio en 2013, Fiducial a supporté 43 millions d'euros de pertes cumulées pour faire rentrer la station dans la cour des grands. Le magazine Capital lui a consacré récemment deux enquêtes fouillées. Sud Radio invite régulièrement, et en abondance, des intervenants d'extrême droite. Ancien soutien de Nicolas Dupont-Aignan, le financier Charles Gave y a par exemple récemment déclaré: «J'ai le droit de dire que l'islam est une saloperie. Je m'en fous [de choquer] si c'est la vérité.» Ou encore, l'écrivain Renaud Camus, auteur de la théorie du grand remplacement : «Il faut sortir l'Afrique de l'Europe, [sortir] les peuples qui s'y sont installés et qui n'y ont pas leur place, il faut libérer l'Europe. Bruxelles, c'est le Vichy de la deuxième occupation.» YouTube a rapidement inséré sous la vidéo de Renaud Camus un avertissement : «Le grand remplacement est une théorie complotiste d'extrême droite, raciste et xénophobe.» Dans le domaine sanitaire, YouTube a été plus radical encore en supprimant une interview à Sud Radio de l'infectiologue Christian Perronne, datant du 2 décembre, dans laquelle il affirmait que les vaccins contre le Covid-19, «faits à

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Entrepreneurs, lundi 7 juin 2021 1018 mots, p. 41

Dossier

Qui sera lauréat des Victoires de la croissance durable ?

Les finalistes se retrouveront le 29 juin lors d'une soirée en direct sur le site internet du « Figaro » .

Jacquot, Bruno

C'est la dernière ligne droite pour l'édition 2021 des Victoires de la croissance durable. Avec ce prix, l'association d'entrepreneurs CroissancePlus, KPMG, BNP Paribas et Le Figaro distinguent chaque année une entreprise qui conjugue performance économique et impact positif. Les Victoires de la croissance durable reposent sur une double conviction. D'une part, la France a la capacité de faire grandir des PME et des start-up qui deviendront des entreprises de taille intermédiaire, des « scale up » . D'autre part, cette croissance peut être vertueuse et responsable.

Les candidatures de cette édition 2021 étaient ouvertes à des sociétés indépendantes, réalisant au moins 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et dont la croissance annuelle a été d'au moins 10 % sur les trois derniers exercices clos. Le jury, composé de représentants des quatre organisateurs, du précédent lauréat et de personnalités qualifiées, s'est réuni le 28 mai pour sélectionner les finalistes. Le 29 juin, ils seront présents lors de la soirée qui sera retransmise en direct sur lefigaro.fr. Chacun fera un pitch pour défendre son entreprise. À l'issue de ces présentations, le lauréat 2021 des Victoires de la croissance durable sera élu par le jury et par les internautes qui pourront prendre part au vote.

EcoVadis : dans le monde entier

Avec EcoVadis, Pierre-François Thaler et Frédéric Trinel signent une des belles réussites entrepreneuriales de ces dernières années. Créée en 2007, la plateforme mondiale d'évaluation des performances RSE est aujourd'hui utilisée par 65 000 entreprises dans 165 pays. L'an dernier, sa levée de fonds de 180 millions d'euros figurait parmi l'une des plus importante réalisée en France. Par la force des choses, EcoVadis se doit d'être en ligne avec la grille d'évaluation qu'elle propose à ses clients. L'entreprise déploie un ensemble de mesures : calcul et compensation de l'empreinte carbone, code de conduite des fournisseurs, audit en matière de diversité et d'inclusion. En 2020, EcoVadis a réalisé 45 millions de chiffre d'affaires, contre 21 millions en 2017.

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Le Monde
L'Époque, lundi 7 juin 2021 1745 mots, p. EPH5

Le Monde l'époque

Hobby

Adopte un blob

Cet étrange organisme unicellulaire va rejoindre Thomas Pesquet dans l'espace. Une consécration scientifique pour cet animal domestique très particulierFrédéric Potet

Frédéric Potet

Qu'y a-t-il dans la valise de Thomas Pesquet ? Un casque de réalité virtuelle pour faire du vélo dans Paris, des emballages comestibles en pain d'épice, une playlist de 200 morceaux, une pince acoustique à ultrasons, des graines d'oeillet d'Inde, des plats cuisinés de chefs étoilés... Point de raton laveur dans cet inventaire à la Prévert, mais quatre blobs. « Quatre quoi ? », s'étrangleront ceux qui n'ont encore jamais entendu parler de cet organisme unicellulaire de la famille des myxomycètes, curiosité scientifique dotée d'une intelligence d'autant plus remarquable qu'elle ne possède ni cerveau ni neurones.

Son voyage dans l'espace qui ne débutera en fait qu'en août, après son transport jusqu'à la Station spatiale internationale (ISS) à l'intérieur d'un conteneur pressurisé - a tout d'une consécration pour cette espèce d'aspect visqueux à la complexité comportementale fascinante destiné à être le sujet d'expériences en impesanteur. C'en est une aussi pour tous ceux qui élèvent, collectionnent et s'échangent des blobs à la manière d'un hobby. Le phénomène n'a pas l'ampleur des Tamagotchi, ces animaux de compagnie virtuels créés par un fabricant de jouets japonais au milieu des années 1990, ni celle des pois sauteurs mexicains offerts par Pif Gagdet, vingt-cinq ans plus tôt, mais il relève de la même attirance pour les êtres étranges, et leur domestication.

Ni animal, ni végétal, ni même champignon, le blob est en effet une créature à nulle autre pareille, aux capacités d'apprentissage et de régénération uniques. Coupez-le en deux, et il cicatrisera en moins de trois minutes. Rapprochez-le d'un congénère, et les deux individus fusionneront en une seule et même masse. Placez-le à l'entrée d'un labyrinthe, et il trouvera de lui-même le chemin le plus court menant à la sortie où aura été déposé un flocon d'avoine, sa nourriture préférée. Positionnez-le au milieu de plusieurs aliments éparpillés dans une boîte de Petri (les petits cylindres, en verre ou plastique, utilisés pour la mise en culture de bactéries, par exemple), et il se déploiera à la façon d'un réseau ferroviaire afin de se rendre efficacement de l'un à l'autre. Ne lui manque que la parole. « Ou de ramener la balle », comme s'en amuse Stéphane Josso, 43 ans, l'un de ces « blobistes » amateurs. Cet opérateur dans une entreprise agroalimentaire de Concarneau s'est procuré son premier spécimen sur Le Bon Coin, en octobre 2020, après être tombé par hasard sur une annonce classée dans la catégorie « animaux . « Cela reste un loisir instructif basé essentiellement sur l'observation, un peu comme avec un terrarium, explique-t-il. Cela demande une certaine rigueur, sans prendre trop de temps si l'on est organisé. Il est présent chaque jour, mais reste discret dans la vie quotidienne et familiale. » Stéphane Josso possède aujourd'hui huit blobs, tous achetés sur Internet. En trouver dans la nature, par exemple sur du bois mort ou sur des fruits pourris, n'est pas impossible, mais relève du coup de chance.

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Le Monde
Placements, lundi 7 juin 2021 1036 mots, p. 4

Planète

Les femmes et le Covid-19

Le Canada prône une relance « féministe »

Depuis le début de la pandémie, 16 000 Canadiennes ont disparu des chiffres de la population active

Hélène Jouan

Montréal correspondance - Au printemps 2020, il a suffi de quelques jours pour que je découvre que tout ce que je savais faire n'existait plus. » Ce ne fut pas la seule découverte de Manon, créatrice de spectacles pour le Cirque du Soleil, qui a cessé toutes ses activités dès le début de la pandémie. « Le Covid-19 m'a également permis de réaliserque j'avais une vie glamour jusque-là, mais que la plupart des gens avaient des boulots bien plates [« ennuyeux », en québécois] », lance-t-elle dans un éclat de rire. Car, si la Québécoise a bénéficié, comme près de 9 millions de Canadiens, de la prestation d'urgence (500 dollars, soit 339 euros par semaine) d'Ottawa pendant les sept premiers mois de l'épidémie, elle s'est ensuite résolue, à 56 ans, à suivre une formation pour devenir factrice, un métier payé 20 dollars de l'heure quand elle en gagnait 100 auparavant. Mais les horaires décalés et les clients peu respectueux l'ont poussée à abandonner cette voie pour enchaîner les petits jobs, en attendant la reprise des shows.

« Les femmes ont été les plus touchées par cette crise, parce qu'elles partaient de plus loin que les hommes », explique Sandy Torrès, sociologue à l'Observatoire québécois des inégalités. Surreprésentées dans les secteurs d'activité les plus exposés au virus, les infirmières, aides-soignantes ou enseignantes ont subi de plein fouet la première vague. « Par ailleurs, poursuit-elle, 60 % des emplois à bas salaire [15 dollars de l'heure] sont occupés par des femmes, dans la restauration, le tourisme, le commerce de détail. Ils ont été les premiers à disparaître. Enfin, celles qui étaient à temps partiel ont également réduit leurs horaires, ce qui n'est pas sans conséquence sur un appauvrissement général des femmes à long terme. »

L'Institut de la statistique du Québec estime que, sur les 208 500 emplois perdus en 2020, 113 100 étaient détenus par des travailleuses et, à l'échelle canadienne, 16 000 femmes auraient renoncé purement et simplement depuis un an à chercher un emploi, disparaissant des chiffres de la population active.

Reconnaissant cette « récession au féminin », le gouvernement libéral de Justin Trudeau a choisi de faire des femmes une priorité de son plan de relance post-pandémie. La veille de la présentation du budget fédéral 2021-2022, le 18 avril, la nouvelle ministre des finances, Chrystia Freeland, s'affichait sur Twitter en tee-shirt noir orné du slogan « Je parle féministe . Le lendemain, face à la Chambre des communes, elle affirmait que leur « plan de croissance et d'emploi est fondamentalement féministe », annonçant le lancement, d'ici à 2026, d'un système public pancanadien de garde d'enfants doté de 30 milliards de dollars d'investissement.

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Libération
mardi 8 juin 2021 1743 mots, p. 6,7

MONDE

EXILÉS BÉLARUSSES «Je n'aurais jamais cru devoir quitter mon pays»

Par NELLY DIDELOT

ESTONIE LETTONIE Lituanie Vilnius RUSSIE RUSSIE Minsk Pologne Depuis les élections truquées d'août 2020, des milliers de personnes ont dû fuir le Bélarus pour échapper aux poursuites. En Pologne, en Lituanie et ailleurs en Europe, elles se font le porte-voix de l'opposition. Varsovie BÉLARUS ALLEMAGNE ROUMANIE Ukraine 200 km

ikhaïl était avocat. Il a été

é privé de son droit d'exercer pour avoir défendu des manifestants emprisonnés. Viktoria travaillait dans une entreprise d'Etat. Elle a été en prison pour avoir soutenu l'opposition et n'a jamais retrouvé d'emploi. Nikolaï a rejoint le comité de grève de son entreprise pour protester contre la réélection frauduleuse d'Alexandre

Loukachenko. La firme a été fermée. Tous ont fini par quitter leur pays, le Bélarus, qui vit depuis près d'un an au rythme de la contestation anti-Loukachenko. Ils vivent en exil, dans la Pologne voisine. Les chiffres sont difficiles à établir, mais on estime que, comme eux, 14 000 à 50 000 personnes ont dû fuir le pays depuis l'élection d'août 2020 et la répression qui en a découlé. Les principales figures de l'opposition, comme Svetlana Tikhanovskaïa, ont été les premières à partir, dans les jours ou les semaines qui ont suivi le scrutin. Des milliers d'anonymes, coupables d'avoir manifesté ou d'avoir pris position contre Loukachenko, leur ont emboîté le pas. Dans un pays soumis à la traque aux coupables et à l'écrasement des manifestations, des broutilles sont devenues des éléments d'inquiétude suffisants pour conduire à l'exil.

Avant le début de la révolution, Kate, 28 ans, travaillait pour la télévision d'Etat. «Tout le monde sait que c'est un organe de propagande, mais je voulais voir l'intérieur du système. J'étais jeune et effrontée et j'ai vite été virée pour avoir essayé de faire des vrais reportages.» Quand le mouvement de contestation enfle, la jeune femme fait sa part. Elle va aux rassemblements et suit le scrutin comme observatrice indépendante dans sa ville natale, dans le nord du Bélarus. «Je connaissais le scénario depuis le début. Partir ou aller en prison. Après les élections, j'ai envoyé des dossiers d'admission à des universités étrangères au hasard et j'ai quitté le pays une semaine avant la fin du mois d'août.» Depuis, Kate s'est installée à Francfort, en Allemagne. Elle a arrêté de compter le nombre de ses amis passés par la case prison. «C'est dur, dit-elle dans un soupir. Personne ne m'interdit de rentrer chez moi, mais je sais très bien que c'est impossible.» L'exode s'organise souvent dans l'urgence et la panique. Aleks(1), 36 ans, est parti en une nuit en février. «Je n'aurais jamais cru que je devrais un jour fuir mon pays. Jusqu'au jour où je suis parti, je ne pensais pas à cette possibilité. Mais on ne m'a pas laissé le choix.» Après ses multiples participations aux manifestations, il est mis au pied du mur par la police: aller en prison ou devenir informateur. «J'ai fait mes valises dans la nuit et j'ai pris le premier avion, pour Kiev. Deux mois là-bas, puis je suis venu en France en bus.» Viktoria a vécu l'inverse. Une longue attente, pleine d'anxiété. «J'ai contacté toutes les personnes et les associations que j'ai pu. Personne ne répondait, le temps passait et ça devenait de plus en plus dangereux de rester au Bélarus», raconte la trentenaire aux cheveux raides.

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Aujourd'hui en France
Edition Principale
Société_, dimanche 6 juin 2021 614 mots, p. AUJM8

Comment sauver nos oiseaux

La population de certaines espèces communes est en chute libre. Voici quelques initiatives à prendre pour leur faciliter la vie et leur permettre de se reproduire plus tranquillement.

Par Aymeric Renou

Comment donner un peu de réconfort aux oiseaux de nos villes et de nos campagnes qui, pour beaucoup, souffrent et voient leur population chuter depuis plusieurs décennies ? Les associations de protection réclament des mesures fortes : l'arrêt de l'usage des pesticides dans l'agriculture ou encore des règles plus drastiques contre la pollution. À l'échelle citoyenne, on peut, grâce à des gestes simples et des attentions faciles à mettre en oeuvre, leur rendre la vie un peu plus agréable et propice à la reproduction.

Laisser un bout de jardin à l'état sauvage

Les jardiniers adeptes des parterres tirés au cordeau et aux pelouses parfaitement tondues ne sont pas les meilleurs amis des oiseaux. « L'idéal est de laisser faire la nature sur une parcelle aussi grande que possible, conseille Benoît Fontaine, biologiste au Muséum national d'histoire naturelle et à l'Office français de la biodiversité. C'est une habitude à prendre assez facile puisqu'elle ne requiert aucun effort. C'est aussi l'une des plus efficaces. Laisser des feuilles à terre à l'automne et, toute l'année, des herbes folles, que l'on appelle à tort mauvaises, ou de petits buissons bien fournis dans ce coin de friche permet aux oiseaux de trouver leur nourriture naturelle : les petits insectes qui s'y réfugient ou les graines produites par les plantes que l'on laisse vivre puis mourir. » Autre conseil : éviter à tout prix l'usage de pesticides et d'engrais dans un jardin, paysager ou potager, pour éviter d'empoisonner les animaux qui ne font pas la différence entre une graine bonne à manger et une autre nappée de produits toxiques.

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Le Figaro, no. 23886
mardi 8 juin 2021 139 mots, p. 43

Vin

Jancis Robinson CRITIQUE BRITANNIQUE jancisrobinson.com « J'ai été surprise par la fraîcheur des vins de Saint-Émilion »

L'avis de la critique britannique, journaliste au Financial Times, auteur du site internet jancisrobinson.com et Master of Wine.

Dorey, Alicia

« Si la levée des taxes américaines et le retour en force de la livre sterling pourront avoir un effet bénéfique sur la demande, le fait que la plupart des prix des millésimes récents stagne aura sans doute un impact plus négatif. Je n'ai pas eu le plaisir de déguster la plupart des grands vins, mais, selon mes collaborateurss, il y a de très belles choses en 2020. Si, durant de nombreuses années, je n'étais pas une grande amatrice du style « pastiche » de Saint-Émilion, en 2020, j'ai été surprise par la fraîcheur des vins de l'appellation, en comparaison avec les millésimes précédents. »

Le Figaro, no. 23885
Le Figaro, lundi 7 juin 2021 384 mots, p. 14

Santé

LE PLAISIR DES LIVRES

Nous sommes tous des M. Jourdain de la manipulation

Saviez-vous que mettre un parfum augmente vos chances d'obtenir l'aide d'un passant ? Que vêtir son plus beau costume limite drastiquement le risque de se faire dénoncer pour un vol à l'étalage ? Qu'avec un bouquet de fleurs à la main, vous serez plus facilement pris en stop ? « Le quotidien est fait de ces multiples petites occasions où l'art de l'influence et celui de la manipulation sont à l'oeuvre » , lance Nicolas Guéguen. Chercheur en sciences du comportement et professeur à l'université Bretagne-Sud, le docteur en psychologie le sait bien : voilà des années qu'il analyse nos comportements et ce qui les motive. Et il ne tarde pas à nous en convaincre : « Il existe, comme pour la peinture ou la musique, des techniques » pour mieux peser sur les choix d'autrui, et « nous les pratiquons souvent de façon inconsciente » .

Autant alors connaître ces techniques, pour mieux les utiliser... ou les déjouer. D'autant que « dans ce nouveau monde des réseaux et de l'internet où nous laissons sans cesse des traces » de ce que nous sommes ou aimons, nous tendons la main aux moins scrupuleux des manipulateurs. Mais attention, prévient l'auteur : il ne traitera ici que de « l'influence et la manipulation au quotidien, c'est-à-dire sans conséquences délétères pour celui qui en est l'objet » . Les Machiavel au petit pied peuvent passer leur chemin.

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Le Monde
International, mercredi 9 juin 2021 811 mots, p. 6

International

La liberté académique en danger au Danemark, selon les chercheurs

Contre le « militantisme excessif », les députés danois ont adopté, le 28 mai, une motion qui provoque un tollé dans le milieu universitaire

Anne-Françoise Hivert

Malmö (Suède) correspondante régionale - Au Danemark, on ne parle pas d' « islamo-gauchisme . Mais le débat qui secoue le pays scandinave fait largement écho à celui que la ministre française de l'enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait déclenché en février. Au point même que ses propos sur « ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l'opinion » sont fréquemment repris par ceux qui estiment que les universités danoises ne font pas suffisamment la distinction.

Dans une lettre ouverte, adressée à leur ministre de tutelle, la sociale-démocrate Ane Halsboe-Jorgensen, et publiée lundi 7 juin dans le quotidien Politiken, 262 chercheurs danois, spécialisés dans les études de genre et les études migratoires, s'insurgent de se voir « intimidés et harcelés, à un niveau conduisant certains à se mettre en arrêt maladie . En cause : les suspicions qui pèsent sur leurs travaux, qualifiés de « pseudoscience » et de « gauchisme identitaire » par des politiciens de droite et d'extrême droite.

Le 28 mai, une majorité des députés avait voté une motion qui, rappelant l'importance de « l'autorégulation académique », demande aux universités de veiller à ce que « la politique ne se déguise pas en science . Dans leur tribune, les chercheurs mentionnent Frédérique Vidal, dont les propos ont, selon eux, servi de « modèle direct » aux politiques danois, qu'ils accusent de mettre en danger la liberté académique dans le royaume.

Risque d'autocensure

Les discussions ne sont « pas nouvelles », reconnaît Mathias Danbolt, professeur d'histoire de l'art à l'université de Copenhague et un des auteurs de la tribune. Mais il assure que « les attaques se sont intensifiées » ces derniers mois. Non seulement « des chercheurs bien établis, mais aussi des jeunes ou des thésards sont visés spécifiquement », mais les attaques ciblent « des champs d'études particuliers, dans une tentative de délégitimer des domaines entiers de la recherche .

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La Croix, no. 42030
Cahier Sciences, mardi 8 juin 2021 185 mots, p. 14

Repères

Le néolithique à l'honneur en 2021

Dernière période de la préhistoire, le néolithique apparaît vers 6 000 ans avant notre ère en France (vers 12 000 ans au Proche-Orient) et se termine entre 3 000 et 2 000 avant J.-C.

En 2021, l'Inrap consacre sa cinquième saison scientifique et culturelle au néolithique, en proposant tout au long de l'année des temps de rencontre avec le public partout sur le territoire, ainsi que de nombreuses ressources pour tous les publics : expositions, films, conférences, podcasts.

Le Musée des Confluences, à Lyon, organise une exposition sur les liens entre le néolithique et notre monde moderne. Autour de plusieurs thématiques, le parcours met en regard poterie en terre et frigo moderne, hache polie et tronçonneuse diesel, ou encore huttes groupées et mégalopole urbaine. Une plongée instructive qui place la course à la production dans une perspective millénaire.

Renseignements. Site Internet de l'Inrap : inrap.fr. Exposition « La Terre en héritage, du néolithique à nous », au Musée des Confluences à Lyon, jusqu'au 30 janvier 2022. Plein tarif : 9 €. Tél. : 04.28.38.12.12. Site : https://www.museedesconfluences.fr

Le Monde
Dialogues, lundi 7 juin 2021 2233 mots, p. 28

Rencontre

Entretien

Céline Sciamma « S'engager rend toujours vulnérable »

JE NE SERAIS pas arrivée là si... La réalisatrice revient sur son enfance joyeuse et curieuse et raconte comment sa rencontre avec le cinéma lui a offert une « vie par procuration »

Propos recueillis par Annick Cojean

En quatre films, la réalisatrice Céline Sciamma, 42 ans, s'est imposée comme la représentante d'un nouveau genre de cinéma d'auteur sensible et exigeant. Primé à Cannes, son Portrait de la jeune fille en feu a fait le tour du monde, premier film français visionné à l'étranger avec 1,5 million d'entrées en 2020 et objet d'un culte particulier. Elle revient en salle avec Petite maman, un conte poétique, filmé à hauteur d'enfant.

Je ne serais pas arrivée là si...

... Si je n'avais pas grandi dans une fratrie. C'est l'élément le plus constant et le plus constitutif de ma vie. Quelque chose d'essentiel. Je le dis avec d'autant plus de conviction que j'ai bien réfléchi à votre fameuse question ! Je me suis interrogée sur les points de bascule qui ont émaillé mon parcours, mais sans parvenir à distinguer d'instant « décisif » ou de tournant « majeur . Pour débusquer la vérité, il faut remonter le plus loin possible dans le temps. Et la fratrie s'impose alors : cette soeur, plus jeune que moi de trois ans, et ce frère, le benjamin, de sept ans. C'est l'accompagnement le plus long de ma vie. Et bien davantage : le soutien le plus inconditionnel. Au fond, c'est la première unité fondée sur la solidarité, la confiance, le soin des uns pour les autres. Et puis le jeu !

Parce que c'est joyeux ?

Ah oui ! Qu'est-ce qu'on rit ! On échange quotidiennement et leur parler, ne serait-ce que quelques minutes au téléphone, c'est la garantie de rire, même quand on évoque des choses graves. Mon frère et ma soeur sont mes confidents. Nous continuons de grandir ensemble.

Avez-vous toujours ressenti la force de ce lien ?

Mon tout premier souvenir est la naissance de ma soeur. Mais j'ai la sensation que c'est lorsque mon frère est né que la fratrie s'est instantanément soudée. Un trio a surgi, bien plus fort que le duo. Et à partir de ce moment-là, on a formé une équipe. Nos parents étaient très jeunes puisqu'ils m'ont eue à 21 ans. Je me suis d'autant plus senti une vraie responsabilité d'aînée : être attentive, créative, une sorte de modèle. Mais tout cela passait par le jeu : chanter, danser, faire du sport. Notre environnement y était propice. On vivait à Cergy-Pontoise, une de ces villes nouvelles qui me passionnent et qui sont des lieux pensés pour les enfants. On peut traverser la ville sans croiser une voiture, et il y a même un petit bois. Vous imaginez notre liberté de gosses, toujours à l'extérieur ? Il y avait de la place pour nos jeux et passions respectives. Et une dynamique d'humour permanent. Mon frère est d'ailleurs devenu humoriste.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro, lundi 7 juin 2021 772 mots, p. 12

Santé

Crèmes solaires : les filtres UV sont indispensables

Coiffard, Laurence

PROTECTION Dans le domaine de la protection solaire, les publications se suivent, se ressemblent plus ou moins et tendent souvent à jeter le discrédit sur une catégorie d'ingrédients dont plus personne ne doute de l'efficacité en matière de prévention des cancers cutanés photo-induits. Les crèmes solaires ont toutes la même fonction : elles sont là pour protéger notre peau des coups de soleil, du vieillissement prématuré, mais aussi et surtout de ces cancers cutanés provoqués par l'agression des rayons UV.

Les accusations pleuvent : tel filtre est allergisant, tel autre est retrouvé dans la circulation sanguine, tel autre encore possède des propriétés oestrogéniques (ce qui tend à le classer dans la catégorie des « perturbateurs endocriniens » sans bien savoir ce que cela recouvre exactement), tel est dangereux pour les coraux, tel encore se dégrade au fil du temps en un ingrédient toxique (on pense en particulier à l'octocrylène qui a fait l'objet, il y a quelques semaines, d'une forte mobilisation médiatique)... Ce dénigrement risque d'être préjudiciable à la santé publique, la peur des produits de protection solaire pouvant l'emporter sur celle des cancers cutanés.

Ne faudrait-il pas, comme aux États-Unis, accorder aux produits solaires le statut de médicament (OTC) ? Pour la réglementation européenne, ce sont des produits cosmétiques, soumis a` toutes les exigences du règlement (CE) n° 1223/2009, notamment en ce qui concerne l'e´valuation de la se´curite´. Mais il ne faut pas les confondre avec d'autres produits cosmétiques (cre`me antirides, cre`me hydratante, cre`me de jour...), qui peuvent contenir des filtres UV alors que cela ne se justifie pas : c'est exposer inutilement la peau à ces molécules, sans efficacité réelle puisque le produit n'est pas appliqué dans les mêmes conditions qu'un produit solaire (pas réappliqué toutes les deux heures par exemple), le tout en aggravant l'impact environnemental.

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Le Monde
Culture, mercredi 9 juin 2021 784 mots, p. 27

Culture

the last Hillbilly

Chez les Ritchie, petite galaxie autonome des Appalaches

Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe ont filmé, durant sept ans, le déclin d'une communauté rurale blanche et pauvre du Kentucky

Mathieu Macheret

pppv - Ils vivent dans les hauteurs des Appalaches, dans l'est du Kentucky, et forment aux Etats-Unis une population à part, quelque peu autarcique, consi dérée d'un oeil hautain par l'élite urbaine, qui s'accorde à ne voir en eux qu'une bande d'hurluberlus arriérés. On les appelle hillbillies, terme peu amène que l'on pourrait traduire par « péquenauds des collines . Au XXe siècle, ils furent mineurs, extracteurs du charbon, avant que l'industrie ne leur tourne le dos pour aller exploiter d'autres sols plus rentables. Aujourd'hui, le chômage a pris le relais, avec tout son cortège de maux habituels. Beaucoup sont partis, mais certains s'acharnent à rester, comme la famille Ritchie, trois générations à flanc de coteau. Ce sont eux que Diane Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe, duo de documentaristes français, sont allés filmer pendant près de sept ans, tirant de cette relation au long cours leur premier long-métrage. Un documentaire inspiré sachant s'imprégner de la part d'effroi que recèle toute réalité ambivalente.

The Last Hillbilly, « le dernier des péquenauds », c'est Brian Ritchie, père divorcé et poète à ses heures, sur les écrits ombrageux duquel s'ouvre le film. L'un, prosodié sur des plans survolant le relief forestier, déploie en exergue une méditation sur le péché originel, évoquant l'installation en ces terres du Kentucky des ancêtres, les pionniers blancs, accomplie au prix du sang, par le massacre des populations indigènes. Le territoire ainsi appréhendé est inévitablement hanté, rattrapé par une malédiction qui ne veut plus le lâcher.

Le film ne s'embarrasse pas de didactisme et nous introduit dans le clan Ritchie comme au coeur d'une petite galaxie autonome sur laquelle règne une humeur saturnienne. Les scènes du quotidien (travaux d'entretien ou de réfection, visites, virées des enfants à la rivière) s'assemblent par éclats comme des flots de souvenirs. Au coeur d'une nature qui a repris ses droits sur les vestiges de l'industrie, tout semble nourrir une attente sans objet, comme suspendue entre adultes désoeuvrés et enfants luttant contre l'ennui. Non sans que planent, ici ou là, les augures d'une mort annoncée, comme la tombe d'un frère fauché dans la vingtaine ou le cadavre d'un veau noyé repêché dans l'étang du grand-père.

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Le Monde
Culture, lundi 7 juin 2021 1079 mots, p. 30

Culture

Enquête

Les femmes à l'écran, la face cachée du cinéma

Une étude sur 3 770 films sortis entre 1985 et 2019 montre que seuls 34 % des rôles sont tenus par des actrices

David Larousserie

L'intelligence artificielle peut-elle réduire les inégalités femmes-hommes au cinéma ? Sans doute pas, mais elle peut au moins contribuer à objectiver cette question, comme le montre une équipe du Centre Marc-Bloch, à Berlin, dans un article à paraître en ligne dans Humanities and Social Sciences Communications.

Un trio d'informaticiens a évalué la part du nombre de visages féminins dans l'ensemble des visages présents dans plus de 3 770 films entre 1985 et 2019, ce qui en fait la plus grosse étude de ce type. Une telle masse de données aurait été impossible à traiter sans le recours à des algorithmes d'identification automatique du genre, qui est l'une des spécialités des techniques d'intelligence artificielle par apprentissage machine, très performantes depuis les années 2010.

Le verdict, sans surprise, est tombé. En moyenne, seulement 34 % des visages dans ce corpus sont féminins. Mais, plus original, l'étude montre que ce ratio augmente au cours du temps : il est d'environ 45 % pour la période 2014-2019, contre environ 25 % pour la tranche 1995-1998. Mieux, la distribution se féminise ces cinq dernières années avec 10 % de films dépassant les 60 % de visages féminins, comme Bad Moms, Sisters, Rivales ou Instinct de survie, alors qu'il n'y en avait aucun avant 2014. Le corpus a été défini en prenant les films les plus téléchargés sur des sites illégaux pair-à-pair et présents dans la base de données cinématographique Internet Movie Database (IMDB).

Le résultat confirme des conclusions auxquelles était arrivée une équipe associée à Google en 2017 et qui avait passé au crible automatiquement les 100 films du box-office des années 2014-2016. « Nous arrivions à peu près à la même chose en termes de pourcentage, soit 36 % de femmes. Et c'est similaire à ce que d'autres chercheurs trouvent en comptant "à la main" », rappelle Tanaya Guha, de l'université de Warwick (Angleterre). Son équipe avait aussi montré que la présence féminine dépend du type de film.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Économie, lundi 7 juin 2021 715 mots, p. 27

chroniques

BLOC NOTES JACQUES-OLIVIER MARTIN £ @JOCJOM

Le luxe double la mise

Cette crise est décidément étrange. Alors que les économies de la planète dépensent des milliers de milliards d'euros pour éviter l'explosion de faillites et le tsunami social, quelques entreprises affichent des performances boursières époustouflantes. En premier lieu, les géants de l'internet portés par la révolution technologique qui s'est accélérée pendant cette crise sanitaire. Leur succès impressionne mais est finalement bien compréhensible. Plus improbable à première vue, l'insolent parcours boursier des Gafa du luxe.

À l'instar des Amazon, Google ou Apple, les actions de LVMH, Hermès ou L'Oréal ont plus ou moins doublé en quinze mois. Le premier vaut désormais largement plus que 300 milliards d'euros, le deuxième, plus de 200 et le troisième, 122 milliards, soit plus que Sanofi, TotalEnergies ou Airbus. Les trois premières capitalisations de la Bourse de Paris représentent 30 % de la valorisation de l'indice, du jamais-vu. Avec ou sans crise, les investisseurs sont bien certains que le beau est plus que jamais indémodable et nos Gafa du luxe plus désirables que nul autre... La France éternelle...

Les belles promesses

Les bonnes idées pour redonner de la compétitivité aux entreprises françaises, et donc au pays, n'ont jamais manqué. Et plus encore, alors que l'élection présidentielle approche. La droite et les Républicains ont déjà arrêté quelques propositions. Ils se sont ainsi engagés dans une surenchère pour réduire les impôts de production, Xavier Bertrand de moitié, Michel Barnier de 60 %, et LR veut carrément leur suppression totale, pas moins de 70 milliards d'euros, soit presque autant que le montant global de l'impôt sur le revenu. Une promesse généreuse qui, pour être tenable, serait assortie d'une baisse des dépenses publiques de 25 milliards d'euros.

Tout est dit, pour le meilleur des entreprises, des créations d'emplois et de la croissance. Pour autant, prudence : en matière de baisses d'impôts, les paroles de campagne ont une valeur toute relative. Pendant des années, la droite n'a-t-elle pas promis de s'attaquer à l'impôt sur la fortune sans jamais le faire disparaître ? Les Républicains ont beau jeu de promettre la lune et de moquer les 10 milliards de baisses de ces impôts de production actés dans le dernier budget. Même risque en matière de dépenses publiques. Faut-il croire à la baisse de 25 milliards d'euros ? Les Français auraient toutes les raisons de se méfier, car là encore les belles promesses sont restées lettre morte une fois l'élection passée. Il est vrai que sur ce sujet, l'inaction fait l'unanimité à droite, à gauche, et chez les Marcheurs. Le quinquennat d'Emmanuel Macron restera, quoi qu'en dise Bruno Le Maire, celui de l'incapacité à réduire la dépense publique. Dans un dernier sursaut, Emmanuel Macron pourrait vouloir réformer les retraites en reculant l'âge de départ pour empocher quelques milliards d'ici cinq ans... Chiche, Monsieur le président !

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Entrepreneurs, lundi 7 juin 2021 742 mots, p. 38

Dossier

Camif « Sans l'engagement des salariés, rien n'était possible »

Bodescot, Anne

Reprendre la Camif en perdition et lui forger un nouveau destin, écologique et responsable. C'était, en 2009, le pari d'Emery Jacquillat, qui avait déjà fondé Matelsom, entreprise de vente en ligne de matelas. De la vénérable coopérative des instituteurs, il a fait une société d'aménagement de la maison, attachée à la fabrication française (78 % de son chiffre d'affaires aujourd'hui). « Il fallait tout réinventer et insuffler une nouvelle culture d'entreprise. Sans l'engagement des salariés, rien n'était possible » , explique l'entrepreneur.

Lorsqu'il déménage le siège de Matelsom de Nanterre (Hauts-de-Seine) à Niort (Deux-Sèvres) en 2010 pour rapprocher ses deux sociétés, un tiers des 50 collaborateurs qui le suivent sont des anciens de Camif (qui a perdu son article en reprenant vie). « Je ressentais tellement le besoin de tisser des liens entre anciens et nouveaux, de trouver quelque chose qui nous rassemble, que j'ai eu l'idée un peu folle, alors que nous étions tous sous l'eau, d'inviter une artiste en résidence pendant trois mois » , raconte-t-il. L'incompréhension des salariés était totale le premier mois. Le troisième, l'artiste fait mouche et l'expérience a été plébiscitée.

Mais c'est surtout le chemin responsable choisi par Camif qui forgera la nouvelle culture d'entreprise. « C'est un levier d'engagement formidable » , observe le patron de cette PME labellisée B Corp dès 2015 et devenue société à mission l'an dernier (lire page 43). En 2013, inspiré par les travaux de chercheurs de l'École des mines sur la société à objet social étendu, Emery Jacquillat était convaincu qu'une entreprise ne peut avoir pour but le seul profit. « Il fallait réfléchir à notre raison d'être ensemble » , dit-il.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Entrepreneurs, lundi 7 juin 2021 698 mots, p. 45

La vie des entreprises

La Fée maraboutée adopte Georgette

La marque utilise le mannequin intelligent créé par Audrey-Laure Bergenthal, lauréate 2019 du prix Business with Attitude organisé par « Madame Figaro » .

Jacquot, Bruno

INNOVATION Georgette a pris ses quartiers au siège de La Fée maraboutée, à Roanne (Loire), au début de l'année. En mai, elle a fait une escapade à Paris, à l'occasion de la présentation de la collection automne-hiver 2021-2022. Georgette? C'est le surnom donné par les équipes à Emineo, mannequin intelligent piloté par ordinateur. Selon les instructions de l'opérateur, Georgette peut prendre des épaules, de la poitrine, des hanches à volonté. Sa silhouette se métamorphose, passe du 36 au 46, du bonnet A au bonnet E, change de silhouette à volonté. Une sorte de robot, donc. Une « robote » plutôt, conçue par Audrey-Laure Bergenthal, créatrice de la société Euveka et lauréate en 2019 du prix Business with Attitude organisé par Madame Figaro .

Pour La Fée maraboutée, qui a réalisé 58 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019, l'objectif est d'améliorer toute la chaîne, de la conception des vêtements à la vente en boutique ou sur internet. « Il y a un mystère dans le textile, deux modélistes à distance ont rarement les mêmes mesures, explique Gaëlle Lelong, directrice de la marque. Avec le mannequin d'Euveka, les bureaux d'études et les fabricants travaillent sur les mêmes valeurs, ce qui évite trois ou quatre allers-retours avant d'arriver au bon prototype. Nous pouvons aussi juger du porté et du bien aller d'un vêtement sur différentes morphologies. »

La Fée maraboutée a aussi testé Georgette pour des séances d'essayage à distance, en visio dans sa boutique de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). « En programmant les mensurations d'une cliente, celle-ci peut juger à distance du tombé et du bien aller d'une pièce » , précise Gaëlle Lelong. L'utilisation du mannequin Emineo s'inscrit pour La Fée maraboutée dans une démarche d'impact avec, en amont, l'utilisation croissante de coton bio (50 % en 2023, 80 % en 2025) de laine recyclée, de viscose biodégradable. La dirigeante s'est aussi attachée à une rationalisation des collections. « J'ai divisé l'offre par trois. Elle était pléthorique et cela risquait de nuire à la qualité des vêtements » , poursuit Gaëlle Lelong.

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Le Monde
Rendez-vous, mardi 8 juin 2021 700 mots, p. 29

Styles

Après le prêt-à-porter, le prêt à la demande

Des labels se lancent en proposant leurs vêtements uniquement en précommande. Un système aux avantages économiques et écologiques

M. Ga.

C'est une chemise ample et légère, qui sent bon l'été. Elle est façonnée dans une toile de coton bio, tissée en France et fabriquée au Portugal. Et elle est même affublée d'un petit nom, « Tony . Il y a encore quelques jours, on pouvait se la procurer en précommande sur le site Internet de la marque Patine. Lancé en 2017 par Charlotte Dereux et Nicolas Poyet, ce label parisien a, en effet, fait de la précommande son mode de fonctionnement.

Ainsi, plusieurs fois par an, des pièces-phares du vestiaire féminin un tee-shirt, un sweat-shirt, un jean, des boucles d'oreilles ou encore un short en denim sont mises en vente en ligne, pour une durée limitée. La production des pièces n'est quant à elle mise en route qu'une fois les commandes comptabilisées. « Nous avons créé la marque en ne proposant qu'une seule pièce, un tee-shirt, fabriqué dans une seule matière, en jersey de coton recyclé. Nous voulions que notre production ait un impact léger sur la planète. La précommande nous permet cela car c'est une façon d'anticiper nos ventes, et ainsi de ne pas surproduire », explique Charlotte Dereux.

Réduire son impact environnemental est l'une des principales raisons avancées par les créateurs séduits par ce système. « Nous avons choisi cette voie-là notamment en réaction au rythme actuel de la mode qui va toujours plus vite, pousse à produire et consommer toujours plus », explique quant à lui Adrien Garcia, qui a créé Réuni en 2019 avec deux amis. Passés par les studios de création des maisons Celineou Balenciaga, ils ont été au coeur de ce système de surproduction effrénée. Un produit après l'autre, la marque se constitue un vestiaire de pièces essentielles. Le bon pull d'hiver en maille épaisse, un cardigan en point Milano, un jean épais parfaitement taillé...

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Le Figaro, no. 23886
Le Figaro, mardi 8 juin 2021 820 mots, p. 10

Société

Les ados du djihad ne désarment pas

Comme en atteste un coup de filet des services de renseignement sur des jeunes de 15 à 17 ans, l'implication de mineurs dans des attentats ou projets d'attentats reste vive. Leur surveillance est un défi pour les autorités.

Chichizola, Jean

TERRORISME Dans le kaléidoscope des profils de terroristes islamistes qui menacent la France, les adolescents radicalisés continuent à être des plus préoccupants. Sur les quatre derniers projets d'attentats déjoués par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis la fin octobre 2020, tous ont été fomentés par des individus mineurs (de 15 à 17 ans) ou ayant tout juste fêté leur dix-huitième anniversaire. Et, fin mai, des jeunes au même profil ont été au coeur d'un coup de filet préventif dans l'est de la France.

Ces ados du djihad combinent l'isolement des terroristes endogènes, sans contact direct avec Daech ou al-Qaida, et l'imprévisibilité de jeunes chauffés à blanc et grands utilisateurs du numérique. Ce qui demande aux services de renseignement une extrême vigilance et une très grande réactivité. Car, comme le précise un spécialiste, « ces jeunes radicalisés sont susceptibles de passer à l'acte très rapidement avec ce qui leur tombe sous la main. On ne peut donc prendre aucun risque et les services doivent agir vite pour stopper une action ou simplement lever un doute » .

L'alerte a été chaude

Ce fut encore le cas le 26 mai avec l'interpellation de quatre garçons à Strasbourg et Schiltigheim. L'un était âgé de 16 ans, deux autres de 17 ans et le dernier avait tout juste 18 ans. Ils avaient été détectés par la DGSI pour leur adhésion à l'idéologie djihadiste et placés sous surveillance, notamment électronique. Leur radicalité se confirmait. Peu de temps avant le coup de filet, des éléments, notamment des repérages, ont laissé craindre un passage à l'acte. D'où la décision prise dans l'urgence d'interpeller le groupe, pour une levée de doute, dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national antiterroriste pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » . À ce stade de l'enquête, les jeunes ont été remis en liberté à l'issue de leurs gardes à vue et des perquisitions effectuées à leur domicile. Comme toujours en matière d'interpellation préventive, nul ne saura jamais ce qui aurait pu se passer en l'absence de ce coup de filet, mais on peut gager que l'alerte a été chaude. Tout comme elle l'a été ces derniers mois à Farébersviller (en Moselle, non loin de la frontière allemande), à Mantes-la-Jolie, Marseille et Béziers. Avec, cette fois-ci, la mise en examen d'individus préparant des attentats.

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Le Figaro, no. 23886
Le Figaro Économie, mardi 8 juin 2021 583 mots, p. 27

Entreprises

Klarna, un nouveau géant dans le paiement fractionné en France

Valorisée à 25 milliards d'euros, la fintech suédoise revendique 90 millions d'utilisateurs dans le monde.

Carasso, Jorge

E-COMMERCE Payer en trois ou quatre fois est devenu un geste de consommation courant sur internet. Mais ce que les clients savent moins, c'est que derrière la toile, les spécialistes du paiement buy now pay later - littéralement « achetez maintenant, payez plus tard » - français et étrangers se bousculent pour prendre des parts de ce marché prometteur. Après le géant australien du paiement Afterpay en mars, c'est au tour du suédois Klarna de poser ses valises en France avec sa solution 3 fois sans frais. La licorne, valorisée à près de 31 milliards de dollars (25,4 milliards d'euros), débarque ce mardi en France dans une poignée de boutiques en ligne tout d'abord - essentiellement du prêt-à-porter - mais avec de l'ambition. « Le paysage français du retail et des paiements est l'un des marchés qui évoluent le plus rapidement au monde, les consommateurs adoptant les paiements numériques et les achats en ligne à un rythme record , estime Sebastian Siemiatkowski, PDG et cofondateur de Klarna. C'est un moment passionnant pour se lancer en France. »

Le marché aiguise les appétits

Ce qui fait la spécificité de Klarna ? « C'est l'un des premiers à avoir démocratisé le paiement à la réception du produit » , explique Pierre Lahbabi, à la tête du cabinet de conseil Galitt. La firme est également connue pour son parcours client. « Les envois de colis peuvent être suivis en temps réel. Les relevés de comptes sont interactifs et ludiques, le client peut se remémorer ce qu'il a acheté, découvrir d'autres produits » , détaille Jean-Michel Chanavas, délégué général de l'association de commerçants Mercatel. Le géant suédois revendique pas moins de 90 millions de consommateurs dans le monde, dont 17 millions gagnés en deux ans aux États-Unis. « On veut répéter en France le succès que nous avons eu aux États-Unis. C'est notre ambition » , fait valoir Sebastian Siemiatkowski.

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Le Figaro, no. 23885
Le Figaro Entrepreneurs, lundi 7 juin 2021 830 mots, p. 42

Dossier

SOUBACQ « Où vont tous ces rouleaux de tissu ? »

Jacquot, Bruno

C'est au fond d'une petite cour pavée, à Paris, dans le 11e arrondissement. Quelques marches à descendre et une porte s'ouvre sur une grande pièce où chacun est concentré devant son écran d'ordinateur. Le calme qui règne pourrait être celui d'une bibliothèque mais ces jeunes gens studieux sont entrepreneurs. Ils ont élu domicile au Noyoco Lab. La jeune marque de mode Noyoco, lancée en 2014, accueille ici, dans son incubateur, d'autres griffes plus jeunes encore : Valet de pique, OTA, Loom... Et Soubacq. Louise Drouhet, sa créatrice, s'est jetée à l'eau pendant le premier confinement avec une idée bien arrêtée : confectionner un bleu de travail dans les chutes de tissus de maisons de haute couture. Un vêtement unisexe décliné en séries limitées de cinq ou six exemplaires à une trentaine, selon la quantité d'étoffe récupérée. C'est le côté imprévisible, voire ludique de l'affaire.

« Le bleu de travail est un intemporel populaire, analyse la jeune femme. Selon le tissu, il est chic, décontracté ou extravagant. On m'a objecté que le bleu est un uniforme. Avec Soubacq, c'est un uniforme propre à chacun. » Son idée a mûri pendant son master au Moda Domani Institute (ISG), école de commerce tournée vers les métiers du luxe, en 2019. Pendant ses stages, Louise Drouhet s'est étonnée du nombre de rouleaux de tissu finalement non utilisés et mis au rebut. Avec une interrogation : « Où vont-ils, ces rouleaux ? » Elle s'est renseignée. Il était possible d'en récupérer auprès des maisons elles-mêmes. Elle a aussi découvert l'existence d'un intermédiaire qui achète et revend ces chutes. « Dans son entrepôt, je suis émerveillée comme une enfant, dit-elle. Il y a des choses incroyables, comme ce vinyle de Courrèges à base d'algues dans lequel est taillé le modèle Supernova. J'ai constitué mon propre réseau auprès des maisons de haute couture mais je sais que, chez lui, je dénicherai toujours de belles choses. »

Une image non militante

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Acteurs Publics
À la une, lundi 7 juin 2021 - 5:21:00 +0200 698 mots

Les propositions des députés pour que l'État s'affirme face aux géants du numérique

Pour faire face au pouvoir quasi monopolistique et toujours grandissant des géants du numérique, des députés Alain David et Marion Lenne plaident - entre autres - pour une montée en puissance des capacités de l'État.

Une sorte d'entrée en matière... Alors qu'une mission parlementaire planche en ce moment même sur la "souveraineté numérique", une autre mission d'information, spécifiquement créée sur les "géants du numérique", a remis la semaine dernière ses conclusions, et prescrit son remède pour que l'État français regagne du terrain face à ces acteurs privés de l'Internet, dont le champ d'activité ne cesse de s'élargir au fil des années, jusqu'à marcher sur les plates-bandes du régalien : monnaie, santé, identité...

Cette dernière mission, conduite par les députés Alain David et Marion Lenne, ne fait pas de jaloux et passe au crible aussi bien les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) américains que les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), qui partagent des caractéristiques communes malgré l'hétérogénéité de leurs activités et modèles économiques notamment. Leur rapport à la puissance publique diverge néanmoins considérablement, avec un modèle chinois beaucoup plus interventionniste et dirigiste, et donc, au bout du compte, une soumission des géants chinois au pouvoir central, comme est venu le rappeler l'effacement médiatique du fondateur d'Alibaba, Jack Ma. Face à ces deux modèles qui font peser un risque sur la souveraineté des États, la mission parlementaire égrène pas moins de 26 recommandations pour "renforcer notre capacité collective à proposer une troisième voie" aux niveaux européen et français.

Moyens supplémentaires

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Site copié le 8 Juin 2021 depuis www.europresse.com, reproduit ici à des fins pédagogiques.